Et si nous déportions notre regard loin des préoccupations françaises, vers un pays non-occidental, dont on parle peu et qui pourtant est en passe de devenir le pays le plus peuplé du monde avec ses 1,38 milliard d’habitants (2020 – Banque Mondiale). Le nationalisme hindou porté par Narendra Modi a d’ailleurs de quoi inquiéter certains Occidentaux en dite “démocratie” dont les penchants autoritaires se font ressentir de manière de plus en plus décomplexée. Selon le dernier recensement (Census, 2011), l’Inde compte plus de 200 millions de personnes musulmanes, soit trois fois la population française. Autant de personnes stigmatisées pour leur religion (auxquelles il faut ajouter les 31 millions de chrétiens – Census, 2011), par un pouvoir autoritaire et son projet d’ethnicisation et d’hégémonie du nationalisme hindou. Les travaux de la politiste Charlotte Thomas nous éclairent sur la réalité des violences subies par les musulmans dans la région du Gujarat.
Violences anti-musulmans dans le Gujarat
La politiste Charlotte Thomas s’est intéressée aux conséquences socio-spatiales des pogroms de 2002 dans l’Etat du Gujarat, à l’encontre de la minorité musulmane, dans une publication pour la revue de géographie politique L’Espace Politique. Le pogrom désigne selon l’Encyclopaedia Britannica Online “une attaque de la foule, approuvée ou tolérée par les autorités, contre les membres et les biens d’une minorité religieuse, raciale ou nationale”. L’objectif étant aussi de faire croire que cette violence est légitime. L’Etat y joue donc un rôle important en ciblant une minorité bien définie.