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L’habitude est prise : à chaque crépuscule annuel, Fsociété sort une revue papier, incluant une sélection d’articles d’analyse approfondies sur divers thèmes et injustices sociales. Autant vous dire que les sujets ne manquent pas, on en ressort même frustrés, en tant que journalistes indépendants, de ne pas pouvoir être sur tous les fronts et aborder tous les sujets ignorés des médias de masse, et qui pourtant méritent une attention plus importante. La revue est disponible en pré-commande jusqu’au 8 décembre ! Présentation des 9 articles. (Tous les articles sont disponibles gratuitement sur mrmondialisation.org)

Marcel Mauss et la morale du don

Marcel Mauss est un sociologue et anthropologue considéré comme “le père de l’anthropologie française”. Neveu d’Émile Durkheim, il théorise le don et le contre-don dans son Essai sur le don, essentiellement basé sur l’observation et l’analyse de la pratique du “potlatch” dans les sociétés archaïques. Le potlatch est une sorte de cérémonie de la surenchère du don, de la dépense pure, mais aussi de la rivalité entre individus, clans ou tribus. Sans vouloir idéaliser ces formes archaïques de l’échange, elles sont néanmoins contraires aux logiques modernes, froides et calculatrices du capitalisme. Le principe du don, qu’il présente davantage comme une obligation qu’un acte pur de désintéressement, n’a pas complètement disparu des sociétés modernes et se manifeste de manière régulée dans des principes socialistes de solidarité. 

Le savoir mythique

Selon Gianni Vattimo, la postmodernité accueille la société de la communication généralisée principalement par le biais des médias de masse. Cela signifie que l’époque de la modernité est finie, que nous sommes entré.es dans une nouvelle ère qu’il convient de différencier de la précédente par ses aspects éminemment contemporains. Le philosophe G. Vattimo dans son livre La società trasparente (La société transparente), paru en 1989, tente d’éclaircir le passage à la postmodernité ou la société de masse. Sans prétention à l’érudition de tous les concepts philosophiques présentés par l’auteur, nous allons tenter d’en extirper ce qui nous paraît essentiel dans le développement de ce qu’est la postmodernité et de l’idéal qu’on est en droit de penser et d’exprimer concrètement.

La domination bourgeoise

Comprendre les mécanismes du monopole bourgeois pour mieux les déconstruire est un combat primordial à mener sur le terrain des idées. Savoir opérer un décryptage permet de faire les bons choix stratégiques et d’occuper l’espace public le plus efficacement possible. Le débat qui a animé les écologistes en avril dernier – suite à la participation du journaliste Hugo Clément à un débat organisé par le magazine d’extrême droite Valeurs Actuelles – tournait autour de la question suivante : « Faut-il débattre avec l’extrême droite ? » Une question à laquelle nous répondons par une autre : Quand allons-nous arrêter de légitimer ce courant idéologique fasciste ? 

Dossier sur la psychanalyse 

Camille, psychiatre de formation devenue psychanalyste, récemment engagée dans une association écologiste, a accepté de nous faire part de son opinion sur l’évolution de sa discipline, en réponse notamment aux critiques sur une pratique parfois jugée trop archaïque, bourgeoise, conservatrice, voire discriminante. Ces contestations s’adressent-elles davantage aux ancrages sociétaux persistants dérivés du néolibéralisme, qu’aux fondements même de la psychanalyse ? Tentative d’élucidation. 

ACS, duo de rap au service de la lutte sociale

“Être utile” est le titre du premier album d’ACS (A Contre Sens), un duo de rap lyonnais composé de Temsis et Démos. Produit en totale indépendance, “Être utile” est surtout la synthèse d’un état d’esprit qui anime ces artistes : déterminés à lutter contre les oppressions sociales et pour qui « l’art qui ne prend pas position est un non-sens ». En somme, ACS se fond par sa plume et sa sonorité dans l’union tant désirée entre tous les fronts de lutte.

Le rap était-il mieux avant ?… Difficile en effet d’accepter la suprématie du rap-business quand on connaît l’histoire contestataire de cet art, la puissance expressive et dénonciatrice de ses textes, ainsi que l’opportunité d’une visibilité soudaine pour des publics d’ordinaire exclus et/ou racisés.

Entretien avec Günsel, activiste kurde opposée à Erdogan

Suite à un premier volet sur les élections turques, évoquant la réélection d’Erdogan, mais aussi sa fragilisation et la montée en puissance de l’opposition, nous nous sommes entretenus avec Günsel Deniz, experte politique et militante écoféministe kurde, touchée par les séismes du 6 février dernier en Turquie. Elle revient pour nous sur la période sombre que traverse le pays.  

Au cours de cet entretien, l’experte politique est ainsi revenue sur le sujet brûlant des présidentielles turques, comme sur l’agenda politique à venir malgré la « gueule de bois » liée à la réélection de l’autocrate Erdogan, sans oublier d’évoquer l’autoritarisme et l’oppression vécues par le peuple kurde. Günsel a aussi courageusement accepté de nous parler de l’épisode dramatique des tremblements de terre qui ont lourdement touché sa province d’origine et sa famille  : un témoignage encore empli d’émotions, avec une valeur cependant profondément politique, dès lors que que la non-assistance humanitaire du gouvernement à ce sujet est probablement responsable de la mort de nombre de ses ressortissants.

Lutte contre les méga-bassines à Sainte-Soline

Le samedi 25 mars 2023 à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, ce sont 30 000 personnes – selon les organisations – qui ont manifesté contre les immenses bassines de rétention d’eau destinées à l’agriculture intensive, au détriment des petits agriculteurs locaux et des écosystèmes naturels. Retour sur une journée révélatrice de l’intensification du rapport de force entre un pouvoir prêt à en découdre et une résistance écologiste qui s’aguerrit. 

La contestation, menée par Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne, revendique un juste partage des ressources en eau et la valorisation des pratiques paysannes face à une agro-industrie écocidaire dans un contexte de crise climatique où la responsabilité d’agir est une urgence absolue. La réponse de l’État fut la répression policière. Par l’intensité et la nature guerrière de ses frappes, il a démontré le temps d’une journée toute la violence que les dirigeants sont prêts à déployer contre le peuple.

Violentes expulsions en Italie

Mercredi 9 novembre 2022 au matin, la police italienne a évacué une maison occupée par des jeunes précaires et des familles de migrants dans la ville de Padoue (Vénétie, Italie). Une intervention sans préavis ni solution de repli pour les occupant.e.s, mais surtout exercée violemment tant sur le fond (procédé inhumain) que sur la forme (évacuation violente, plusieurs citoyen.ne.s blessé.e.s). L’occasion de revenir sur une crise exceptionnelle du logement dans cette ville étudiante du nord-est de l’Italie, sur l’explosion des prix, mais aussi sur l’incompétence des instances locales dans la gestion d’une crise non anticipée.

L’Inde islamophobe de Narendra Modi

Et si nous déportions notre regard vers un pays non-occidental dont on parle peu et qui est pourtant en passe de devenir le pays le plus peuplé du monde avec ses 1,38 milliard d’habitant·es ? En Inde, le nationalisme porté par Narendra Modi a de quoi inquiéter. Ses penchants autoritaires se font ressentir de manière de plus en plus décomplexée. Selon le dernier recensement, l’Inde compte plus de 200 millions de personnes musulmanes, soit près de trois fois la population totale en France. Autant de personnes stigmatisées pour leur religion par un pouvoir autoritaire et son projet d’ethnicisation et d’hégémonie du nationalisme hindou. Les travaux de la politiste Charlotte Thomas nous éclairent sur la réalité des violences subies par les musulman·es dans la région du Gujarat.

Comment soutenir le projet ? Par un don ou en pré-commandant la revue sur le Crowdfunding Ulule. Si l’objectif est atteint d’ici le 8 décembre, les revues pourront être imprimées et envoyées aux contributeurs. Il est aussi possible de soutenir le média sur Tipeee. Pour rappel, Fsociété est un média indépendant, uniquement financé par les dons de ses lecteur.rices.